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vendredi 17 juillet 2015

Chapitre 9 : LA SMART CITY - Entre urbanité et urbanisme, il faut choisir


9.

La Smart City

 

Entre urbanité et urbanisme, il faut choisir / Quelle intelligence ? / Un écosystème bâti sur 4 piliers / Le monde urbain de demain / L’urbanisme participatif / Les dangers du Big Data / La Place Publique   


Entre urbanité et urbanisme, il faut choisir
Avec la crise du logement de l’après-guerre, l’urbanisme avait apporté des réponses satisfaisantes à un Etat centralisateur, en remodelant nos villes, en construisant de grands ensembles et en imaginant les nouveaux espaces de consommation. Or, aujourd’hui l’urbanisme dépend d’un modèle social et économique dépassé. Durant toutes ces années de puis les Trente Glorieuses on a maltraité la ville et par conséquent les habitants qui y vivaient et qui allaient leur succéder au fur à mesure des vagues d’immigration. Or, une République égalitaire serait celle qui accorderait un même droit à l’égalité de destin urbain pour tous, comme devrait l’être l’école publique et laïque. La ville se comporte comme si elle était quelque chose de naturelle, or elle n’est qu’un objet artificiel que l’on façonne au gré des besoins économiques et des révolutions technologiques. Nous entrons dans une période où ce n’est plus une question d’urbanisme, mais exclusivement un plaisir d’habiter dans un lieu quel qu’il soit. Il y a naturellement un bien fondé entre le « bien habiter » et la vie sociale heureuse.
Cette préoccupation ne date pas d’aujourd’hui, Diderot développait déjà une approche globale de la ville comme lieu d’une nouvelle urbanité (du latin urbanus, exprimant le type de politesse que produirait la ville), alliant à la fois l’intérêt économique, le bien-être et le bon goût. Pour le philosophe, la ville était un laboratoire philosophique (sociabilité de l’Homme), un laboratoire économique (harmonie des métiers et des commerces) et un laboratoire politique (prise de conscience du citoyen de la liberté et de l’intérêt général). Diderot défendait la conception de la ville porteuse d’émancipation, de mémoire et d’avenir. Dans son livre « Mélanges pour Catherine II », il écrivait « Cette proximité des hommes les lie, leur liaison les adoucit et les civilise ; c’est de ces boutiques que sortiront tous les beaux-arts qui seront alors indigènes et durables. » Diderot cherche à promouvoir la mixité sociale qui doit se développer dans la ville, il veut célébrer une nouvelle sociabilité. Plus de trois siècles après nous courons encore après cette alchimie qui doit savoir rejoindre le beau à l’utile et au juste. La ville doit redonner toute sa place aux ambiances, aux odeurs, aux couleurs par une succession de lieux différents, de places, de rues, d’allées, de minéraux, de végétal, de cours d’eau… « La ville, c’est l’espace où l’on peut enfin être soi-même » (Roland Castro « La Fabrique du rêve »). C’est cette présence d’autrui à l’infini qui abrite notre liberté individuelle.
C’est à partir de cette urbanité que l’on doit imaginer la ville de demain, cet espace où personne ne peut revendiquer la propriété. L’enjeu actuel est de réinventer cette urbanité en profitant de tous les nouveaux outils à notre disposition, de l’impérieuse nécessité de tenir compte de l’environnement et de l’intérêt porté enfin à ceux qui habitent la ville. Il est fini le temps de concevoir un nouveau modèle urbain, il est urgent de répondre aux problèmes concrets quotidiens en engageant des alternatives radicales pour une ville durable et intelligente. Il faut sortir du paradigme d’un urbanisme moderne qui sectorise les fonctions urbaines et privilégie les modes de déplacement rapides pour un paradigme plus systémique qui cherche à mieux comprendre les interactions entre les différents phénomènes. Là encore la transition sera longue en raison de l’inertie des infrastructures et des comportements, mais elle devrait être aidée par un apport technologique sans précédent au service de l’Homme et non d’un système consumériste désincarné.