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lundi 22 juin 2015

Chapitre 8 suite : La robotisation


Il existe aujourd’hui de nombreuses théories sur le travail vers 2050. D’après une étude de l’ANACT (Agence Nationale pour l’amélioration des conditions de travail) il existe quatre tendances. Tout d’abord, la fin du bureau avec la généralisation des lieux de production atomisés, les actifs se retrouvent chez eux dans des espaces de coworking ou dans tout espace de vie connecté. Ensuite, les parcours professionnels ne sont plus linéaires, on alterne des temps de travail, de formation et de loisir. La notion de départ à la retraite fait partie du passé, chacun est libre de sa participation à la vie économique de la société. Troisièmement, la gouvernance économique a connu une révolution, le chef a disparu. L’organisation du travail est latérale et collaborative. Enfin, la production en grande série est effectuée par les robots ou des ordinateurs. Le développement de l’imprimante 3D est généralisé et il n’est pas rare de visiter une entreprise sans personnel. La différence entre l’automatisation et la robotisation provient que le second processus ne vise pas à ce que le robot produise mieux que l’Homme mais le remplace pour des activités plus valorisantes. Toutefois, si la robotisation est une évolution logique de notre société, la manière dont nous allons nous en servir n’est pas encore aussi lisible. Elle peut être un nouvel esclavagisme ou un système libérateur et émancipateur. Le capitalisme ne va pas accepter facilement que cette mutation technologique le dépouille de sa main mise sur le travailleur. Dans l’économie capitaliste il y avait celui qui crée, qui finance et celui qui vend sa force de travail. Et, tout le monde y trouvait un intérêt plus ou moins enrichissant. Avec cette mutation le système a commencé à se fracturer, sans consommateur plus de production. C’est par conséquent toute la centralité du travail dans notre société qui va devoir être revisité. Si le robot ne mange pas, ne dort pas et ne prend pas de congés, ce n’est pas lui qui achètera les plats cuisinés qu’il aura préparés, qui achètera une bonne literie et qui s’agglutinera autour des piscines de clubs de vacances ! Il ne faut donc pas que les patrons de multinationales savourent trop vite les conséquences en matière de profit pour avoir remplacé des ouvriers revendicatifs par des robots sans conscience.
Le marché mondial de la robotique va représenter plus de 55 milliards $ en 2025. La France est loin derrière, les américains, les japonais, les allemands ou les coréens. L’émergence d’une économie robotique « la rébolution » est inéluctable, son champ d’action est de plus en large, du médecin à l’agriculteur, du gardien de prison au maçon. Peu de métiers, des plus spécifiques aux moins qualifiés ne seront épargnés. Nous comptions 125 robots industriels pour 100 000 salariés lorsque les allemands en comptaient 282, loin derrière les coréens avec 437 (IFR Statistical Department). Cette faiblesse française est due à la situation industrielle. Aussi, notre retard actuel est un moyen de nous positionner sur les marchés porteurs, et en particulier sur le marché des objets connectés. L’intérêt est de passer d’’une fonction de back office à une fonction de front office en générant de nouveaux services. Toutes les études démontrent l’intérêt économique de la robotisation, en particulier en matière d’amélioration de la compétitivité-prix, mais a t-on réellement intégré la dimension de l’emploi ? Selon une étude de l’Université d’Oxford, un métier sur deux est menacé par les robots. Nous ne pouvons pas nous opposer à cette lame de fond, il faut par conséquent s’y préparer et surtout ne pas croire ceux qui affirment que la technologisation de l’économie a permis de créer toujours plus d’emploi et qu’il en sera ainsi à l’avenir. Jusqu’à ces dernières années le remplacement de l’Homme par une machine permettait une économie, l’argent étant alors réinjecté. Ce n’est plus la réalité, les multinationales réalisent des profits plus importants qu’elles réinvestissent dans la finance malgré les nombreuses incitations fiscales. Il est fort à parier que les dernières décisions du gouvernement de Manuel Valls d’exonérer à hauteur de 140% les investissements de toutes les entreprises ne soient pas plus un succès que les précédentes aides. Si la question n’était pas suffisamment grave pour l’équilibre de notre société, nous pourrions rire des affirmations de nos responsables politiques sur le retour au plein emploi. Il nous faut nous préparer au contraire à vivre sans emploi industriel et à voir disparaître de nombreux emploi de service. La croissance lente mais continue de la robotisation de notre économie nationale est la preuve de la faiblesse d’investissement des entreprises, des freins culturels et des résistances sociales, nous pourrions nous en féliciter si cela favorisait la tout simplement. Le robot, du mot tchèque « robota » qui signifie « travailleur dévoué » ou « esclave », acquiert une intelligence pour qu’il soit moins spécialisé et qu’il ne se limite pas qu’à une seule fonction. Sans être idyllique le monde du travail à venir n’aura plus rien à voir avec celui que nous connaissons. La formation initiale puis professionnelle, l’emploi, la retraite ne seront plus vécus comme un enchaînement naturel de notre vie, une sorte d’histoire écrite avant qu’elle ne soit vécue. Le robot, partenaire artificiel, peut nous débarrasser des tâches pénibles et ennuyeuses, et libérer l’Homme sans oublier la sensibilisation et l’adaptation de notre jeunesse.
Les gains de productivité dus à la robotisation ou à l’informatisation des process permettent de produire davantage avec des moyens humains largement réduits. Si nous n’agissons pas à court terme sur la durée du temps de travail, « l’ordinatisation » des métiers va tuer l’emploi à petit feu. Ce partage est nécessaire mais loin d’être suffisant car nous ne réduirons pas de manière importante le chômage en travaillant moins. La robotisation va entraîner une mutation de nos modes de vie et doit être mise au service de la frugalité consommatrice et pas à l’accroissement des bénéfices des entreprises.