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mardi 12 mai 2015

Chapitre 7 : LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ET LA MISE À MAL DU GIGANTISME - Un dérèglement climatique à éviter sous peine de mort


7.

La transition énergétique et la mise à mal du gigantisme

 

Un dérèglement climatique à éviter sous peine de mort / Nous souffrons de trop de pétrole / La décarbonisation de l’économie / Le citoyen, acteur de la transition / L’énergie territoriale / Les "Smart Grids", une révolution en marche / Le climat, une priorité absolue face au commerce international

Un dérèglement climatique à éviter sous peine de mort
Nous vivons la 6ème session d’extinction du vivant en 450 millions d’années.  L’évolution de notre mode de vie s’est faite au détriment de la biosphère. Cette situation ne peut perdurer, mais il est très difficile à nos responsables politiques et économiques unis comme jamais de prendre les mesures indispensables pour modifier les phénomènes de destruction de  notre écosystème vital. La protection de la biosphère doit être parallèle à celle des êtres humains, nos santés sont liées et nous l’avons trop oubliée ces dernières décennies. Il faut retrouver du bon sens comme celui qui prévalait avant la 1ère révolution industrielle et imaginer de nouvelles stratégies énergétiques.
Deux changements structurels risquent de modifier profondément les politiques énergétiques dans les années prochaines. Tout d’abord un évènement imprévu par les spécialistes, la baisse importante du coût des matières premières, du pétrole et du gaz en particulier, qui va remettre en cause la priorité donnée aux énergies renouvelables (EnR). Deux conséquences immédiates, le subventionnement des EnR va devoir se prolonger car ils ne seront toujours pas compétitifs et le coût du nucléaire, argument naturel des pro-nucléaires, va être moins attractif (sans compter les risques encourus!). Le second changement est technologique. Une nouvelle génération photovoltaïque, l’utilisation de réseaux intelligents, le stockage et le transport de l’électricité, toutes ces évolutions vont bouleverser l’économie de l’électricité. Comme pour Internet, nous nous dirigeons vers un coût marginal nul. Des objectifs clairs doivent être établis par l’Union Européenne, la seule en capacité de financer, impulser et contrôler une politique énergétique réformatrice. Par exemple, qui en France peut s’opposer à l’omniprésence d’EDF ? Qui peut limiter le développement des centrales au charbon en Allemagne, source énergétique sûre, peu coûteuse mais très polluante ?
L’Union Européenne en a t-elle les moyens et la volonté politique ? En octobre 2014, le Conseil des Ministres de l’UE a défini un objectif de baisse de 40% de la production de CO2 d’ici 2030, objectif rassurant mais qui ne tient pas compte de l’évolution récente du coût des matières premières, des logiques économiques du monde capitaliste et des décisions des autres puissances polluantes. La Chine est au cœur de la problématique climatique, et refuse de limiter ses émissions de CO2 d’ci 2030. Dans ces conditions la Conférence de Paris, la COP21, en décembre ne pourra aboutir sur des mesures contraignantes pour tous et l’objectif d’un réchauffement climatique maximal de 2 degrés est déjà hors d’atteinte.
En tenant compte de la situation internationale, l’Union Européenne va devoir faire des arbitrages entre les changements climatiques, la compétitivité de ses industries et la sécurité en matière d’approvisionnement. Il faut ajouter que c’est un petit nombre d’industries qui sont les principaux responsables de ces émissions de CO2. Qu’attend-on pour généraliser le principe du pollueur-payeur ? Cette fiscalité verte serait destinée à accentuer les efforts vers une transition énergétique efficace et juste. Les services que rend la nature ne peuvent rester gratuits et être accaparés par quelques uns en mesurant les coûts d’utilisation, tout en restant très réservé sur le marché des droits à polluer. Certaines entreprises préfèrent payer que de concevoir des outils de protection de la nature. Il y a quelque chose de révoltant en donnant une valeur marchande à la nature.
Une centralisation européenne des achats et une uniformisation des réseaux de transport de l’énergie seraient des choix classiques d’une économie du XXème siècle, toutefois d’autres pistes doivent être étudiées en raison de l’évolution technologique. Les énergies renouvelables peuvent inverser la tendance par une production et distribution électriques décentralisées, mais un pétrole et un gaz bon marchés sont susceptibles de contrecarrer une électricité verte et citoyenne et accentuer la détérioration climatique. Une nouvelle fois nos responsables politiques ont une responsabilité majeure, vont-ils continuer à privilégier le court-terme pour faire tourner une économie carbonée ou engager une profonde transition énergétique ?
Toutefois, selon l’agence Bloomberg, les investissements en 2013 en matière d’électricité renouvelable étaient supérieurs à ceux provenant du charbon, du nucléaire ou du gaz. Et, si l’on faisait payer par les producteurs des combustibles fossiles les dégâts sur l’environnement, alors le solaire, la géothermie, l’éolien ou la biomasse seraient compétitifs. Le coût de l’électricité photovoltaïque a baissé de 80% ces cinq dernières années. Et, pourtant toutes ces richesses sont à portée de main. Une étude de l’Université de Standford a démontré que si on collectait 20% du vent disponible dans le monde, on produirait sept fois la consommation actuelle d’électricité.
Les EnR ne seront pas compétitives en 2020, comme prévues initialement, et le système européen d’échange de quotas d’émissions est obsolète en raison de ce marché des matières premières. La Conférence de Paris est primordiale car un échec dû à la Chine, mais aussi à l’Inde, la Russie (70% de ses revenus proviennent du pétrole et du gaz) ou le Japon, aurait un effet dévastateur en Europe. En restant dans une logique productiviste pour quelle raison devrions-nous nous imposer un objectif carbone lorsque les autres s’en moquent et que la situation économique européenne est loin d’être euphorique ? Cette question serait incontestablement posée pas les dirigeants politiques européens. La compétitivité économique serait une nouvelle fois prioritaire sur l’avenir de la planète. Il faudra alors que les citoyens fassent pression pour sortir de cette logique productiviste. Il ne faudrait pas que, malgré les évolutions technologiques majeures capables de faire des avancées sans précédent sur notre économie énergétique, nous maintenions un statu quo entre les mains d’EDF et de ses « nucléairophones ».