Conseil de lexture


Attention les textes sont classés par ordre chronologique du plus récent au plus ancien. Si vous découvrez ce blog et si vous souhaitez commencer par le début (c'est une recommandation !!!) rendez-vous sur la colonne "archives". FVB

samedi 11 avril 2015

Chapitre 6 LA REVOLUTION COLLABORATIVE, UNE CHANCE POUR NOS ENFANTS - L'économie du partage


6.

La révolution collaborative, une chance pour nos enfants

 

L’économie du partage / L’économie sociale et solidaire / Les prosommateurs arrivent ! /  Les communaux / L’esprit d’entreprise, une valeur à partager / L’économie positive à surtout ne pas négliger/

L’économie du partage

Dans un contexte de crise et de tension budgétaire, il est urgent de redonner du lien et de la cohésion sociale. Nous sommes dans une phase de transition entre un monde qui se meurt et un autre qui cherche à vivre, et pour beaucoup à survivre. De plus en plus de personnes ne croient plus au monde productiviste, soit parce qu’ils ont été exclus, soit parce qu’ils s’en sont retiré avant qu’il ne soit trop tard, tous veulent vivre plus librement quitte à prendre des risques. Un autre mode de consommation, un mode de vie moins stressant, une logique de partage dans le cadre de circuits courts voit le jour. Il se développe une échappatoire à une vie manquant de sens. Il est urgent de se donner les moyens de satisfaire ces besoins de consommation autrement, en intensifiant l’usage des ressources. Les nouvelles générations sont beaucoup moins attachées à la propriété, ils sont plus sensibles à l’appartenance à un réseau de partage. La « Sharing economy » valorise les logiques de l’accès au service (covoiturage, achats groupés, colocation,…) au détriment des logiques de propriété. Cette avant-garde privilégie l’ « être » à l’ « avoir », l’usage à la possession. Une économie qui rend au consommateur son rôle d’acteur, il co-construit et co-crée dans une logique partenariale et au plus près. Le nouveau modèle de collaboration libre permet aux humains de continuer à s’épanouir en dehors du monde du travail actuel.
Allons-nous assister à la disparition de l’économie centralisée, hiérarchique et propriétaire de son écosystème où les grandes organisations font la loi ? Le déclin du capitalisme est engagé en raison de ses excès et va entraîner une transformation en profondeur de l’économie mondiale, malgré les maîtres du monde qui vont tout faire pour ralentir ce phénomène. Cette économie productiviste va se trouver en concurrence avec les mouvements collaboratifs qui redonnent du pouvoir à l’entrepreneur et à la production à petite échelle. L’économie contributive (ou collaborative) peut développer une activité industrielle qui s’appuie sur des communautés et le développement libre du savoir. L’économie du partage rappelle le début de l’Internet où tout n’était que recherche et désintéressement. Le succès de cette économie collaborative ne sera effective qu’à la seule condition qu’elle ne soit pas récupérée par le consumérisme. Il existe une économie contributive toxique symbolisée par des sociétés comme Facebook. D’autres acteurs sont à la croisée des chemins : Uber (service de voitures avec chauffeur) vaut en 2014 3,5 milliards de $ cinq ans après sa naissance, Airbnb (hôtelier virtuel) vaut 10 milliards de $, Blablacar, … Sont-ils encore dans cet esprit collaboratif ou sont-ils des capitalistes qui ont trouvé un nouveau filon ?  Les sites de partage voient leurs revenus exploser grâce en partie à la crise et au chômage. De nombreuses personnes sont tentées par ces revenus complémentaires non par conviction mais par nécessité. Elles louent tout ce qui peut intéresser un tiers en faisant bénéficier à ces nouveaux intermédiaires de confortables royalties. Certains peuvent regretter cette marchandisation de l’espace privé qui n’est qu’une conséquence de notre addiction consommatrice. Cette économie du partage est une évolution positive qui prendra de longues années avant d’être réellement une concrétisation d’une société conviviale et responsable. En attendant ces nouveaux acteurs de l’intermédiation doivent nous montrer qu’ils sont en parfaite adéquation avec le discours qu’ils prônent à leurs bénéficiaires. Leur croissance rapide, répondant à un réel besoin, ne peut se concrétiser qu’en recherchant des financements de plus en plus importants. Il serait sain que ces capitaux proviennent d’un financement participatif et non de banques d’affaires car une partie des revenus de cette économie collaborative enrichit alors le capital privé aux dépens des communaux. Ce n’est pas une raison de les condamner car ils participent à la transition dans laquelle nous nous situons. Ils transforment les mentalités et éveillent les consciences en incitant les consommateurs à devenir des consomm’acteurs. Toutefois il est urgent de réguler cette économie afin de ne pas accentuer une marchandisation contraire aux valeurs de partage. Ne sacrifions une belle idée pour enrichir quelques uns ou accélérer un processus de croissance qui ne le nécessite pas forcément. Cette intermédiation est pour le moment nécessaire, il n’en sera peut-être plus de même lorsque les individus seront devenus des consomm’acteurs majeurs. L’économie collaborative est une économie du partage et non du business. N’en faisons pas le nouvel eldorado d’un capitalisme financier revigoré.
Le commerce n’est pas l’élément fondateur d’une société. Ce sont des éléments comme les valeurs sociales ou la culture. Toutefois les échanges nécessitent une instrument légal reconnu par la communauté pour évaluer le travail, le produit ou le service. Dans le système capitaliste, c’est une monnaie qui fluctue en fonction de la confiance qu’en ont les marchés. Plus vous avez confiance en la monnaie, plus celle-ci prend de la valeur. Dans l’économie du partage, cet instrument peut également être une monnaie et même une micro devise. Si la confiance reste incontournable pour des raisons de justice dans les échanges, la monnaie ne sera pas variable en fonction de cette confiance. Elle sera stable de manière permanente. Ne croyant plus au système actuel, surtout depuis la crise de 2008, de plus en plus de citoyens, futurs communalistes, se dirigent vers des monnaies alternatives, les SEL (systèmes d’échanges locaux). Il existe plus de 4000 micro devises dans le monde. Le bitcoin, qui est la devise la plus connue, a été créé en 2009, indépendant de toute banque centrale et de toute autorité de régulation. Il permet des échanges anonymes et sans intermédiaire bancaire.  En avril 2015, il valait 240$ (97,51$ en juillet 2013). 14 millions de bitcoins sont actuellement en circulation. Ces systèmes d’échanges locaux sont souvent fondés sur le temps de travail et non sur l’expertise. L’intérêt est de relocaliser les échanges sur un territoire donné ou une communauté. De ce fait la réussite du bitcoin n’a pas laissé Wall Street insensible, les investisseurs professionnels voient leur influence grandir au détriment des particuliers. Le développement de ce marché financier atypique a engendré une chute de l’utilisation du bitcoin comme monnaie d’échange, la spéculation entraînant par conséquent un frein à son expansion en tant que devise et remet en question provisoirement sa spécificité. Sans condamner ces monnaies alternatives, il serait temps de les protéger des marchés financiers.  
D’autres instruments, comme le crowdfunding ou financement participatif, se développent afin de « financer » cette économie collaborative. Ils seront de plus en plus au cœur de notre vie sociale et participeront à la valorisation du capital social des réseaux concernés. La notion de la confiance sera encore plus déterminante dans l’économie du partage pour créer une communauté d’ambassadeurs et attirer de nouveaux consomm’acteurs.