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jeudi 2 avril 2015

Chapitre 5 suite : Les intermittents du spectacle, une avant-garde combative


Le combat des intermittents du spectacle n’est en rien sectoriel ou catégoriel. Depuis quelques mois (ou plutôt quelques années !!!) les intermittents du spectacle se battent pour défendre leur situation face à la réforme du régime de l'assurance chômage. Au-delà de leurs préoccupations catégorielles forts légitimes, il existe un vrai problème de société, l'emploi d'aujourd'hui et de demain. Il nous faut au plus vite appréhender les transformations du travail à l'heure du nouvel âge industriel dont la révolution numérique est le moteur.
Nous sommes de plus en plus nombreux à penser que nous allons vers une société sans emploi, et que dans cette perspective nous assistons à une remise en cause majeure du code du travail, du marché de l’emploi et le développement généralisé de l'emploi précaire.  De plus en plus d'actifs vont se retrouver dans la situation des intermittents. Il est évident que dans la logique actuelle les acteurs de l'Unedic ne peuvent accepter les revendications des intermittents sans risquer de plonger celle-ci dans une situation financière catastrophique, et pourtant ce combat est légitime. Le Medef veut transformer le système mutualisé en un système capitalisé ce qui est inacceptable. Et dans le même temps l'Etat ne joue pas son rôle. En 2011, les frais de gestion de l’Unedic se sont montés à 6 milliards d’euros, un coût bien supérieur au déficit de l’organisme. Est-il normal que cela soit les salariés qui financent cet organisme paritaire avec une délégation de service public ? La fusion de l’Unedic et de l’Assedic en Pôle Emploi a permis à l’Etat de se retirer sans faire de vagues.
Le régime d’indemnisation chômage coûte cher mais protège très correctement ceux qui doivent en avoir besoin, et les intermittents ont un régime qui tient compte de leur spécificité c’est-à-dire d’une activité précaire et intérimaire. Tel qu’il est organisé, dans le conteste actuel, ce régime ne peut pas se diversifier comme le souhaitent les intermittents. Or, de plus en plus d’actifs se retrouvent dans une situation professionnelle d’intermittent, plus du spectacle mais « de la vraie vie ». D’un point de vue budgétaire, les partenaires sociaux savent qu’il ne peut évoluer, il va donc falloir inventer. « Il faut inventer et développer une protection sociale nouvelle, couvrant le risque d’un sous-emploi élevé encouru par les salariés dans un système de travail au projet, fragmenté et discontinu » nous rappelle Edwy Plenel.
35% de la population active est en situation précaire face à l’emploi (chômeurs, CDD, intérim, indépendants) et 86% des embauches se réalisent sous la forme de contrats à courte durée. Le système des intermittents répond parfaitement à la problématique d’emplois à courte durée, à périodes discontinues et à employeurs multiples. Nous entrons ainsi dans une approche philosophique mutualiste.
Sans travail salarié, il va falloir imaginer un nouveau modèle économique. Et pourquoi pas une redistribution contributive, basée non plus sur le temps de travail mais plutôt sur le modèle des intermittents du spectacle. Pour accroître les chances de réussite, il va falloir développer des activités professionnelles qui ont du sens en terme d’épanouissement.