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jeudi 15 janvier 2015

Chapitre 1 suite : Que l'on ne vienne pas nous dire que nous ne savions pas


Jérémy Rifkin, spécialiste américain de prospective économique et scientifique, nous explique à travers ses livres et ses conférences que le monde économique, depuis les années 60, se développe avec l’inéluctabilité de la disparition de l’emploi. Les économies occidentales ont pu continuer à prospérer grâce à la réduction du temps de travail, à la modernisation de leur outil de production, au commerce international et à la non prise en compte des contraintes environnementales. Or, aujourd’hui, cinquante ans plus tard, nous arrivons aux limites du système. On ne peut plus réduire le temps de travail sans entraîner des dysfonctionnements majeurs dans l’entreprise capitaliste, la robotisation et les « hight-tech » progressent de façon exponentielle, les exportations sont de plus en plus difficiles en raison du rééquilibrage Nord Sud, et l’environnement ne peut plus être détruit de façon irresponsable. L’écroulement du secteur tertiaire risque d’être beaucoup plus rapide et plus important que celui du primaire ou du secondaire. Il nous aura donc fallu un demi siècle seulement pour entrevoir la fin de l’emploi !
Les fondements de l’économie capitaliste sont donc remis en cause, le cercle vertueux croissance création d’emploi n’existe plus ; seuls demeurent les emplois sous-qualifiés et sous rémunérés. Si les entreprises produisent davantage en période de croissance, elles ne recrutent que rarement. En période de récession, elles licencient et lorsque la situation économique s‘améliore elles ne font qu’utiliser les surcapacités de production sans rien changer en matière de recrutement et ce malgré de nouvelles marges de manœuvre financière. Sur une longue période qui comprend croissance et récession, comme celle de 1982 à 2002, la production américaine d’acier a progressé de 75 millions à 102 millions de tonnes, tandis que le nombre de travailleurs de ce secteur est passé de 289 000 à 74 000. 
A chaque développement économique dans l’Histoire, les progrès ont été gigantesques et ont à chaque fois bénéficié plus ou moins à tous. Aujourd’hui, nous n’avons plus les mêmes certitudes. En tant que consommateur, les biens et les services sont de plus en plus nombreux sans être automatiquement créateurs de bonheur. Et en tant que producteur les avancées technologiques sont destructeurs d’emplois. Par conséquent, cette distorsion ne peut se perpétuer dans le temps, soit un nouvel équilibre apparaît - mais dans un cadre économique à imaginer - soit nous allons vers des tensions telles qu’elles entraîneront révolutions, chaos ou dictatures. Ce qui est certain c’est que le modèle démocratique ne peut trouver sa place dans un tel désordre.