Conseil de lexture


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vendredi 2 janvier 2015

INTRODUCTION



Chaque jour qui passe, j’ai la chance de voir mes filles grandir. Chaque jour qui passe, j’ai l’angoisse de me demander : dans quelle société vont-elles vivre ? Et très vite, je cherche à me rassurer en me disant que malgré les risques autour de nous, nous serons capables d’imaginer un autre monde. Utopiste peut-être, mais je ne suis pas le seul : nous sommes déjà des millions sur Terre. Et pourtant, lorsque nous regardons les journaux télévisés, rien ne nous permet de penser qu’un autre chemin existe. Au contraire, on ne cesse de nous expliquer qu’il n’y a pas d’alternative.
J’ai voulu, à travers cet essai, imaginer dans quelle société mes filles Jade et Léna vivront lorsqu’elles auront atteint l’âge adulte, et par quelles voies nous pouvons y arriver. J’ai du mal à leur expliquer que la société de consommation dans laquelle elles s’épanouissent vit ses dernières années. Peur qu’elles ne comprennent pas, peur qu’elles me prennent pour un fou lorsque je leur parle des raisons pour lesquelles notre société actuelle est à bout de souffle. Elles ne sont que des adolescentes protégées. Mais, j’ai la responsabilité, avec leur mère, de les aider à trouver leur chemin, un chemin qui soit si possible en phase avec une société en pleine mutation.
Les gouvernements de Droite et de Gauche se suivent et finalement se ressemblent en matière économique, comme s’il y avait une fatalité qui les pousse à mener les mêmes politiques privilégiant le capital. Certains avanceront que c’est le pragmatisme contre l’idéologie et ils n’auront pas tord, mais… pourquoi toujours au service des mêmes ? Seuls les phénomènes de société arrivent encore à les départager, nous l’avons parfaitement vu avec le débat à propos du « mariage pour tous ». Pendant ce temps, le monde continue à se transformer sans que le peuple donne son avis. Les gouvernements Valls n’y dérogent pas. Tout au long de ces années, nous avons tantôt favorisé des politiques keynésiennes de relance de la consommation, tantôt des politiques de l’offre au profit des entreprises avec les résultats que l’on connaît. Toujours plus de chômeurs, toujours plus de dettes publiques et privées, toujours moins de croissance et toujours plus de riches qui continuent à s’enrichir davantage ; en réalité le capitalisme n’est jamais perdant. C’est dans ces périodes que le capital rapporte le plus, alors pourquoi vouloir instaurer une autre politique ?
Reconnaissons que l’économie de marché a permis à tous d’accumuler des biens matériels, et a prouvé sa supériorité sur la société dite communiste. Avec la destruction du Mur de Berlin, certains ont cru à la fin de l’Histoire. Erreur… L’Histoire est faite de dépassements, de « big-bangs », nous l’avions simplement oublié depuis la Première Révolution Industrielle et l’émergence d’une nouvelle classe dirigeante. Les nouveaux outils de communication créent une « Nouvelle Frontière » qui doit nous permettre de dépasser le combat historique du capitalisme et du socialisme, de la Droite et de la Gauche. Toutefois si les conditions techniques et économiques sont remplies pour engager la grande mutation du XXIème siècle, nos élites technocrates ne le souhaitent pas. Et il faut les comprendre : ils risquent de perdre le contrôle. Après une période d’adaptation et de transition, il sera possible de faire fonctionner nos économies sans leur puissance financière, de gérer nos vies sans que l’on nous explique ce qui est bon pour nous. Cette contribution est là pour le démontrer.
On essaie de nous faire croire que le réel aujourd’hui est un monde dérégulé où tout est permis et où seuls les plus forts peuvent s’en sortir. Cette situation est cependant la même depuis des siècles et elle nous cantonne à un rôle d’être humain infantilisé. Il existe un autre chemin vers la prospérité. Alors savoir si Manuel Valls est social-démocrate ou social-libéral, je m’en moque totalement et une très grande majorité de Français avec moi. Nos gouvernants peuvent aider à accroître les taux de marge des entreprises et réduire les déficits publics, cela ne résoudra pas la question du chômage et le désintérêt croissant de nos concitoyens vis à vis de la chose politique. L’Europe est obligée d’engager une relance keynésienne pour éviter la déflation et calmer les esprits ; si elle est incontournable à court terme elle ne va pourtant pas interrompre le processus de fin du capitalisme. Une reprise économique européenne sera un soulagement sur le court terme pour nombre d’entreprises et de citoyens en réinjectant de la monnaie dans les circuits de production et de consommation, mais ne changera pas la donne pour des millions d’autres. Cet enchaînement est enclenché, il mettra plus ou moins de temps en fonction de la résistance des multinationales, de l’engourdissement des peuples, des nationalismes toujours prêts à se réveiller et des dégâts sur l’environnement.
Il y a une rupture de confiance avec les partis politiques traditionnels qui nous oblige à construire de nouvelles coalitions de projets basées sur la participation active des citoyens. Il nous faut offrir une alternative qui repose sur un nouvel imaginaire politique émancipateur et innovant. La France a des atouts considérables grâce à une démographie forte, une épargne abondante, des avantages technologiques certain, un capital humain de grande qualité et une nouvelle génération à forte potentialité. La difficulté va être d’assurer la transition sans que la casse sociale ne soit trop lourde. Nous savons ce qu’il faut faire, et nous le démontrerons dans cette contribution, mais le microcosme politique nous permettra t-il de le faire ? Son pragmatisme et sa vue à court terme nous ont fait échouer et ont augmenté le nombre de précaires. Un projet de société positive est possible, il est d’une telle ampleur qu’il nécessitera une adaptation pendant de longues années et, pendant ce temps les oubliés de la « croissance » devront être assistés.
Occupons-nous tous ensemble, de toute urgence, de l’essentiel.
Nous craignons l’avenir car nous ne savons pas où nos dirigeants passés et actuels veulent nous emmener. Le savent-ils eux-mêmes ? Les élites économiques et politiques sont-elles des apprentis sorciers ou des vampires ? Savent-elles où elles vont et jusqu’où elles peuvent aller sans détruire le système qui les gave ?
La fin de l’emploi, personne n’en parle ou presque, surtout pas nos dirigeants politiques !
On ne changera pas la situation de l’emploi en France même en créant 200 000 emplois grâce au Pacte de responsabilité, le partage du travail pourrait lui en rapporter plus d’un million ! N’oublions pas que la France a plus de six millions de personnes sans emploi. L’entreprise doit rester au cœur du projet politique mais une entreprise qui conçoit et produit, joue son rôle social, et non qui recherche exclusivement le profit. La politique de l’offre peut produire des effets positifs à court terme en redonnant des marges aux entreprises, mais à aucun moment elle ne restaurera le pouvoir d’achat des salariés et le retour massif à l’emploi des chômeurs. Et ce ne sont pas les nouvelles conditions technologiques du marché qui vont modifier ces constats. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, en dehors d’une dégradation des coûts du travail pour combattre le chômage de masse, les responsables politiques du monde occidental n’ont pas de réelles solutions pour redonner un sens à leur action et un espoir à nos concitoyens. L’Homme n’est pas le seul à souffrir de cette course en avant d’un matérialisme « gargantuesque », la nature et le climat sont également touchés. Il est temps, non plus d’en prendre conscience, mais d’agir. De simples « mesurettes » ne suffiront plus à ralentir le changement climatique et à sauver un système économique incompatible avec l’urgence écologique. Notre préoccupation pour les générations à venir résulte également de la détérioration des grands équilibres climatiques. Je ne détaillerai pas dans cet essai les raisons de cette situation car nombre de spécialistes le font à merveille dans nombre d’ouvrages. Il est cependant évident que le changement climatique en cours doit nous interpeler et nous obliger à tenir compte de celui-ci dans tous nos choix politiques. Il n’est plus possible de laisser l’économie supplanter l’écologie, et l’OMC (l’Organisation Mondiale du Commerce) avoir le dernier mot sur la CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques). Il faut donc changer de paradigme.
Il faut assumer, revendiquer un droit à l’expérimentation pour imaginer un nouveau projet de société. La mutation nécessaire, et non pas la crise comme certains le prétendent, est tellement importante qu’il va falloir du temps, beaucoup de temps. Alors n’attendons plus pour partager nos connaissances avec les citoyens qui ont le droit de participer à la recréation du monde dans lequel ils vont vivre.
Maintenant  que nous savons de quoi nous souffrons, nous allons pouvoir guérir.
D’après Jeremy Rifkin dans son ouvrage « La fin du travail », celui-ci est désormais une affaire de machines qui vont devenir « le nouveau prolétariat » ; elles permettent de libérer les êtres humains afin qu’ils décident de leur destin. Il est inutile de vouloir ralentir cette mutation technologique. L’Homme a besoin de créer, d’imaginer, cela fait partie de son ADN. Il faut profiter de cette liberté retrouvée pour sortir l’Homme productif de son esclavage d’un emploi pas toujours épanouissant. Le politique a le pouvoir de donner à l’Homme les moyens de sa liberté économique, il suffit qu’il s’oppose à ce que François Hollande avait appelé pendant sa campagne présidentielle «le monde de la finance». Ce n’est pas vers une collectivisation des moyens économiques, comme l’avaient imaginé les marxistes, qu’il faut aller mais vers l’élaboration d’un nouveau modèle économique collaboratif. La situation actuelle marque l’impasse d’une économie à bout de souffle qui s’est éloignée des besoins réels et de sa raison d’être, l’épanouissement des êtres humains. L’ancien monde a été déclaré cliniquement mort en 2008, avec la crise financière. Les politiques au pouvoir sont responsables, soit par ignorance ou incompétence, soit par complicité ce qui est pire. Leur incapacité à nous proposer une « Nouvelle Frontière » nous révolte, il nous faut donc agir collectivement, sans perdre de temps, pour l’avenir de nos enfants. Pour la première fois depuis la révolution industrielle du XIXème siècle et l’apparition du capitalisme et du socialisme, un nouveau système économique cohérent se développe basé sur le partage et la collaboration entre des individus égaux. Et, si certains annoncent, à juste titre, le déclin d’un capitalisme triomphateur, nous allons vivre dans la prochaine décennie dans une économie plus en plus hybride. Il ne faut pourtant pas croire que cela se fera sans tension et sans heurt avec tous ceux qui nous dirigent. Nous sommes sur un chemin escarpé qui doit nous faire sortir de cet épais brouillard dans lequel nous nous trouvons depuis bien trop longtemps.
Nous avons la responsabilité de créer les conditions pour permettre à nos enfants de profiter, et non de subir la mutation dans laquelle nous sommes. La volonté des peuples de transformer la planète pour le bien commun n’est plus une utopie, à partir du moment où la transition énergétique, la révolution numérique, la fin de l’emploi et l’économie collaborative créeront les conditions d’une abondance durable dans le cadre d’une société positive.
« Agissez comme si vous n’attendiez plus rien du politique. »
 Jacques Attali 

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Quel citoyen ne s’est pas posé un jour la question sur le devenir de notre planète et de l'espèce humaine ? Cela se produit plus ou moins souvent en fonction de nos centres d’intérêt, de nos préoccupations du moment, de nos responsabilités professionnelles et familiales et de nos engagements militants.
Pendant plus de vingt cinq ans, j’ai milité dans plusieurs partis politiques parce que j’ai évolué en fonction de la transformation de la société mais aussi de mes propres expériences. J’ai été élu pendant dix ans comme conseiller municipal à Orléans et candidat à différentes élections. En 2008, j’ai pris la décision de prendre du recul avec la vie publique car je ne me retrouvais plus dans un microcosme nombriliste, sans solution réelle pour nos concitoyens en grande difficulté face à cette mutation économique, sociale et technologique qui nous envahissait. Ce retrait ne signifiait pourtant pas mon désintérêt pour la vie publique et je continuais à entretenir ma réflexion à travers divers engagements.
Cette décision, qui ne fût pas facile à prendre, m’a permis de mieux appréhender les problématiques et de me rendre compte que tous nos responsables politiques étaient dans une incapacité à imaginer un projet de société à long terme, d’exprimer une utopie capable de mobiliser nos concitoyens. L’économie était devenue reine et ne supportait que l’action à court terme. Faut-il penser comme Jacques Attali lorsqu’il écrit « Agissez comme si vous n’attendiez plus rien du politique » ?
Face à cette interrogation à laquelle je ne pouvais apporter de réponse, je me suis décidé à rédiger une contribution dans laquelle je pourrai exprimer mes idées sans contrainte politicienne et sans enjeu électoral. Je la dédie à mes filles car je me sens redevable de la société que nous allons leur laisser. Elles arrivent à un âge (16 et 12 ans) où elles construisent leur avenir. Notre monde est complexe, évolutif et dangereux mais il est ce que nous voulons en faire, enfin je l’espère… Je ne veux pas rester silencieux lorsque mes filles me demanderont de les aider à faire leur choix, et je ne veux pas les conseiller sans avoir une idée de ce que sera notre monde dans dix ou vingt ans.
C’est pourquoi, je me suis décidé à écrire cet essai « Que vais-je dire à mes filles ? ». Loin d’être terminé, il est déjà suffisamment avancé pour le soumettre à votre réflexion et à votre critique. Je souhaite, par l’intermédiaire de ce blog http://www.jadeetlena.blogspot.fr, vous faire participer à cette aventure en diffusant trois fois par semaine un texte. Ce travail n’est pas entrepris pour rester personnel, il est là pour être partagé, critiqué, amendé, amélioré,… J’ai beaucoup lu pour comprendre la réalité qui nous entoure, pour déchiffrer des logiques qui ne sont pas évidentes, pour explorer des nouveaux champs de réflexion. Tous les jours je me répète inlassablement, et si nous reprenions la main !!! Alors je vous propose de m’aider à répondre à Jade et à Léna.

Fabrice
Le 2/01/2015