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jeudi 2 juillet 2015

Chapitre 8 suite : La nomadisation du travail


L’entreprise reste le premier levier de création de valeur économique, et l’acteur principal de l’économie réelle, mais ne peut se désintéresser du monde dans lequel elle se développe, des êtres qu’elle entraîne et des conséquences de son activité sur l’environnement. Elle doit être exemplaire ce qui n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui avec la financiarisation de l’économie et l’omniprésence de la dictature de l’urgence. La très grande majorité des entreprises est prise au piège et ne consulte que son tableau de bord de profitabilité. Or, comme nous l’avons vu précédemment la technologisation, dans le cadre d’une économie capitaliste, nous entraîne dans une impasse. Il faut croire en l’entreprise en tant qu’espace de création et de production, de lieu d’épanouissement individuel et collectif, de structure protectrice de l’environnement, et non en tant qu’instrument d’exploitation et d’enrichissement sans limite. De plus en plus de jeunes veulent entreprendre, non pas nécessairement pour devenir millionnaires ou pour écraser son voisin, mais pour se réaliser, pour concrétiser un rêve, pour se rendre utile… Ils croient à l’initiative, à la responsabilisation mais ils s’inscrivent dans une démarche collective et de partage. Dans la tradition judéo-chrétienne, le travail soigne la paresse, détourne des tentations et enseigne l’humilité, mais de quel travail parle t-on ? Si c’est le travail salarié qui s’est développé depuis plusieurs siècles, nos dirigeants nous trompent. Le travail est-il un moyen d’acquérir un revenu, un statut, une place dans la société, un sentiment d’utilité, un lien avec les autres ? Pourquoi travaillons-nous ? Le travail en tant qu’activité d’épanouissement, de créativité et de partage est bénéfique à l’Homme. Aujourd’hui avec le développement continu et sans limite du chômage, il est temps de repenser le travail à partir du modèle de société que nous voulons construire.
Nous assistons à une triple mutation. Nous passons d’une économie de la production à une économie de la connaissance, d’une économie de la possession à une économie d’usage et enfin «l’ordinatisation» des métiers va tuer l’emploi à petit feu. Ainsi, nous allons passer d’une économie de la rareté à une économie de l’abondance. Par exemple, lorsque je donne mon verre d’eau, je n’ai plus d’eau et lorsque je donne une idée, je ne fais que la partager. L’abondance conduira l’Homme à tourner le dos au matérialisme. Les métiers de demain devraient s’organiser autour des 4 axes suivants : le monde technologique, le monde de la santé, le monde de la création et le monde du pouvoir managérial. Ces axes vont directement profiter de la révolution numérique et bouleverser la création de richesse, il ne sera plus nécessaire d’être attaché à une entreprise, entité ou site physique pour travailler. De plus en plus d’acteurs économiques se libèrent déjà naturellement ou par force de ces contraintes d’emploi pour générer leur propre activité. Ils peuvent travailler de chez eux ou à partir d’espaces collectifs dans le cadre d’une démarche de co-working.
Le web redéfinit notre rapport au territoire. Il est possible dorénavant de travailler de n’importe où avec qui l’on veut et associer travail et loisir. La nomadisation du travail est en marche et va bouleverser nos modes de vie. Nous allons remplacer progressivement le statut d’employé par celui d’artisan numérique. La multiplication des cantines numériques va permettre de mutualiser les énergies et les compétences. A partir de là, l’économie redeviendra au service de la société et non l’inverse.

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