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lundi 15 juin 2015

Chapitre 8 suite : Vers une société post-industrielle


La transition vers une société post-industrielle exige selon Ivan Illich un triple renoncement : à la surpopulation, à la surabondance et au surpouvoir. Par conséquent, il semble évident qu’il y ait un renversement complet des institutions qui régissent nos économies, et que celles-ci soient au service de la société et non l’inverse. Nous devons créer une dynamique, stimuler une coopération et inventer une nouvelle frontière.
L’Homme a travaillé la terre, puis la matière et maintenant ? Nous allons entrer dans une ère industrielle décentralisée. L’économie latérale se manifeste par des coopérations numériques et des innovations énergétiques. Jeremy Rifkin affirme que « l’économie moderne de marché et l’Etat-Nation servirent à leur tour de mécanismes institutionnels à l’accélération de cette réorganisation du monde. Le marché allait être l’arène impartiale dans laquelle chaque capitaliste lutterait contre les autres afin de capturer l’espace et séquestrer le temps sous forme de propriété privée. L’Etat-Nation émergent avait pour mission de protéger la propriété de chacun en établissant des codes juridiques et des mécanismes d’application – garantissant dans le même temps la liberté individuelle. » (« Le rêve européen » p.189) Cette société post-industrielle va se démarquer de l’Etat-Nation car il ne peut plus satisfaire la demande de sens des nouvelles générations qui veulent au plus vite trouver des réponses aux trois questions suivantes : Quelle démocratie ? Que faire de la science ? Quelle place au travail ?
L’économie de marché et son corollaire l’Etat-Nation ne sont pas prêts à faire face à cette société post-industrielle stimulée par la révolution des communications. La vitesse de l’information, de l’ordre de la nano seconde, n’est pas adaptée au système économique capitalistique. Cette accélération du rythme des communications va faire naître de nouveaux systèmes économiques et financiers, et de nouvelles institutions politiques. Les mécanismes du marché sont dépassés, inadaptés, obsolètes… D’après Jeremy Rifkin, « Le temps écoulé entre la concrétisation d’un échange et le début du suivant représente une perte de productivité et un coût économique accru qui finissent par rendre les marchés en question obsolète. » (« Le rêve européen» p.236) Que devient la notion de propriété d’un bien ou d’un service qui a pu changer de main des centaines de fois dans la même seconde ? Le coût de la transaction est quasiment nulle, les marges sont donc inexistantes et les échanges ne sont plus une raison de faire des affaires. La possession perd tout intérêt. Les marchés sont remplacés par les réseaux dont l’activité est partagée pour aboutir à une relation de « gagnant-gagnant ». Acquérir la liberté n’est plus synonyme de possession mais d’appartenance, c’est à dire d’accès à l’information, à la connaissance. 


Le numérique met fin à l’économie de la rente. Thierry Maillet, vice-président et fondateur du site Ooshot.com, la première plateforme collaborative de réservation de photographes, insiste sur la dimension économique du numérique : « la plateforme numérique est la réinvention de la place du marché du Moyen-Age ». Cette nouvelle expansion crée de nouveaux marchés en donnant la possibilité d’entreprendre avec un minimum de capital et d’infrastructure. L’élément central pour passer d’une économie capitaliste à une économie collaborative dans le cadre d’une société post-industrielle. En générant des baisses de coût, nous devrions assister à la fin de l’économie de la rente si naturellement ces bénéfices sont redistribués équitablement ce qui n’est plus le cas depuis plusieurs décennies. Le numérique favorise les rencontres entre l’offre et la demande à travers les plateformes de marché. C’est une façon plus communautaire de fixer une valeur à un produit ou à un service. Le numérique est un formidable levier d’autonomie professionnelle et à terme de fin probable du salariat. Il est donc urgent de repenser nos régimes sociaux. Certains affirmeront alors, mais pour d’autres raisons, qu’il est temps de passer aux assurances privées. C’est une fausse bonne idée car elle accentuerait la casse sociale. Une tout autre réflexion doit être engagée, en particulier avec l’instauration du revenu d’existence. Le salariat, comme le capitalisme, n’aura été qu’un moment de l’histoire de l’humanité.
 

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