Conseil de lexture


Attention les textes sont classés par ordre chronologique du plus récent au plus ancien. Si vous découvrez ce blog et si vous souhaitez commencer par le début (c'est une recommandation !!!) rendez-vous sur la colonne "archives". FVB

mardi 26 mai 2015

Chapitre 7 suite : Le citoyen, acteur de la transition


Il est venu le temps de la rénovation de nos modes de pensée et de nos comportements en matière de consommation d’énergie. L’une des pistes est l’implication des citoyens en tant qu’acteur de la transition.
La microélectricité ou électricité distribuée est la capacité de chacun à produire son électricité. Aujourd’hui, près de 25% de la production mondiale est sous cette forme. 46% de la capacité de production électrique renouvelable en Allemagne est entre les mains des particuliers. En France, il n’est pas possible à ce jour de consommer sa production d’électricité. L’énergie renouvelable produite par le particulier est vendue à EDF à un tarif garanti qui reste l’opérateur national ultra-dominant. Or, le transport de l’électricité représente environ 50% de son coût, sans parler du gaspillage calamiteux durant le parcours. Il serait plus durable de produire et consommer localement et de revendre son surplus à des sociétés publiques locales contrôlées par les collectivités. La difficulté technique reste le stockage, mais des solutions existent. Ce système de tarif garanti va prochainement disparaître suivant les directives de l’Union européenne, rendant notre modèle économique obsolète. Il faudra bien alors envisager d’autres solutions, surtout que dans le même temps les réseaux de basse et moyenne tension vont revenir aux collectivités si elles le souhaitent à la fin des conventions les liant à EDF et RTE. Une évolution de la loi permettra alors l’organisation décentralisée du commerce de l’électricité. Nous devons partager la responsabilité de la transition entre l’Etat et le bloc local. Le territoire doit être un site de production d’énergie renouvelable. En Allemagne, on compte quelques 900 coopératives de producteurs d’énergie renouvelable. Il est évident que cette révolution entraînerait dans un premier temps de graves difficultés à EDF mais serait le premier pas vers un allègement de la facture énergétique. Le citoyen est au cœur de cette transition, c’est à lui de prendre les mesures nécessaires afin de devenir producteur photovoltaïque, éolien, géothermique, tout est prêt pour transformer en profondeur notre pays. Chaque entreprise, chaque bâtiment, chaque véhicule devient un producteur d’énergie. Une électricité citoyenne est une énergie plus propre, un coup de frein à la détérioration du climat et une remise en cause du nucléaire.
Cette révolution énergétique citoyenne doit être accompagnée par le système bancaire en fléchant davantage l’épargne populaire vers tout projet de rénovation thermique des bâtiments. Cela doit devenir une priorité stratégique des établissements bancaires.
En tant qu’acteur de cette transition, le citoyen français, mais aussi du reste du Monde, doit être au rendez-vous de la Conférence de Paris, appelée « Paris Climat 2015 » ou COP21. 50 000 délégués de 195 pays seront réunis pour parvenir à un accord sur le climat et contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés. Cette 21ème conférence ne peut pas être un échec, des décisions contraignantes doivent être appliquées au plus vite. Tous les efforts de chacun au quotidien seront vains si les responsables politiques ne se mettent pas d’accord. Les Etats-Unis et la Chine ont enfin accepté de chiffrer leurs objectifs de baisse de leurs émissions des gaz à effet de serre (!!!) et l’Union européenne s’est engagé à les diminuer de 40% d’ici 2030. Nous ne pouvons pas laisser les dirigeants politiques nous mener une nouvelle fois en bateau. 600 milliards de dollars sont destinés aux énergies fossiles chaque année quant un fonds vert de 100 milliards destiné aux pays en voie de développement n’est toujours pas abondé (COP15 de Copenhague en 2009). Une mobilisation générale doit être décrétée à cette occasion. Des manifestations ou des initiatives sur Internet vont mobiliser tous les citoyens du Monde, des pays riches comme des pays en voie de développement, afin d’obliger Hollande, Obama, Merkel, Xi Jinping et les autres à prendre leur responsabilité et à oublier quelque peu l’intérêt de quelques uns. Rien ne se fera sans des citoyens convaincus et engagés dans une transition énergétique de grande ampleur. Laurent Fabius n’a t-il pas déclaré « Il n’y a pas de plan B, car il n’y a pas de planète B. »

vendredi 22 mai 2015

Chapitre 7 suite : La décarbonisation de l'économie

Le secteur de l’énergie est le plus émetteur de CO2 en raison principalement des centrales thermiques au charbon, et des besoins industriels de plus en plus conséquents. La transition énergétique est inéluctable et passe par le développement des EnR qui reste un défi dans la décarbonisation du mix énergétique aussi bien pour des raisons techniques qu’économiques. La transition est également envisagée par la maîtrise de la consommation d’énergie. L’économie circulaire répond parfaitement à cette préoccupation en prenant en compte le cycle de conception des produits et son intégration avec les modes de production et de consommation afin de réduire les impacts environnementaux.
Les EnR, dont la part est de près de 13% dans la couverture des besoins mondiaux, permettent de répondre à trois objectifs majeurs : la prise en compte du réchauffement climatique, la sécurité en matière de production et l’indépendance. Au niveau mondial, la demande d’électricité devrait croître à un taux annuel de 2,5% d’ici 2030, tendance incompatible avec la situation du climat, surtout que la dépendance énergétique de l’Union européenne est à plus de 50%. Il est temps de mettre fin à ce modèle de civilisation énergivore qui continue à gagner du terrain chez nous mais surtout dans les pays en voie de développement. Aussi, la reconversion écologique constitue la seule alternative qui s’offre à l’humanité. Elle n’est pas une punition mais au contraire une libération vis à vis de l’addiction à la production et à la surconsommation. Les caractéristiques du nouveau paradigme économique proposent moins de ressources utilisées de manière plus efficace dans une économie circulaire, provenant tout particulièrement des énergies renouvelables. Les grandes entreprises se saisiront de cet Internet industriel. C’est un projet de société à lui seul qui doit être au coeur de l’action publique. Toutes les politiques stratégiques doivent tenir compte de cette dimension de transition. La transition énergétique est un formidable moyen de relance économique, de source d’emplois et de pouvoir d’achat.
La résistance du capitalisme privé et public reste forte mais la IIIème Révolution industrielle, qui voit la convergence entre communication et énergie, sera sans faille. Surtout que les nouvelles technologies réduisent à néant les frais de stockage et de distribution, ainsi que le coût marginal de production. Tous les ingrédients qui ont fait prospérer le capitalisme, synonyme d’investissements massifs rémunérés par les gains dus aux économies d’échelle, vont disparaître progressivement. Cette décarbonisation de l’économie nécessite la recherche de financements nouveaux. La Fondation Nicolas Hulot a proposé des mesures comme par exemple, l’introduction d’une « assiette carbone » dans les taxes sur l’énergie (loi de finances 2014) ou la montée en puissance de la Contribution Climat énergie (avec compensation pour les ménages). Nouvelle Donne, le parti politique créé par Pierre Larrouturou, défend la création monétaire au service du bien commun et des citoyens et non pas des banques. Un Pacte Energie – Climat – Pouvoir d’achat qui permettrait à chaque Etat d’emprunter chaque année l’équivalent de 1% de son PIB à taux zéro auprès de la BEI pour financer les travaux et les investissements d’économies d’énergie. Il va falloir de l’imagination pour affirmer l’excellence environnementale à partir de la décarbonisation de la société, responsabilité partagée entre les acteurs économiques, les pouvoirs publics et les citoyens. Ces enjeux nécessitent le retour d’une certaine planification de l’aménagement du territoire. Enfin, la fiscalité écologique est essentielle pour financer cette transition mais aussi, et surtout, pour sensibiliser tous les acteurs. Toutefois, elle ne doit pas être punitive et confiscatoire sans contrepartie ou compensation. Il est temps de mettre à plat notre fiscalité, de l’adapter à notre époque de mutation et surtout de l’ajuster avec celle de nos principaux partenaires européens.

mardi 19 mai 2015

Chapitre 7 suite : Nous souffrons de trop de pétrole


Nous ne devons pas parler de la rareté des matières premières fossiles mais de leur abondance. Les compagnies pétrolifères veulent nous faire peur sur l’épuisement des ressources fossiles afin qu’elles puissent continuer à extraire en bénéficiant des largesses financières des Etats. Il est temps de modérer leur appétit extractif. Nous devons limiter au plus vite l’extraction du carbone dans le sous-sol afin d’éviter des perturbations climatiques incontrôlables. Le réchauffement climatique est la conséquence de la permanence de l’utilisation des matières fossiles, aussi le véritable danger n’est pas l’épuisement de nos réserves mais bien l’extraction toujours plus performante. Si nous ne sortons pas de notre société carbonée, c’est la nature qui nous fera payer le prix fort de notre appétit énergétique. Nous connaissons aujourd’hui la dégradation climatique qui est devant nous, mais l’évaluation des risques n’est pas acceptable pour nos responsables économiques et politiques, alors ils l’occultent autant qu’ils peuvent… jusqu’au jour … Ils espèrent toujours que des solutions techniques seront trouvées par d’autres afin de ne pas toucher à leurs privilèges. Ils se trompent, ils nous trompent et nous l’acceptons car nous n’avons pas envie d’être désintoxiqué.

mardi 12 mai 2015

Chapitre 7 : LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ET LA MISE À MAL DU GIGANTISME - Un dérèglement climatique à éviter sous peine de mort


7.

La transition énergétique et la mise à mal du gigantisme

 

Un dérèglement climatique à éviter sous peine de mort / Nous souffrons de trop de pétrole / La décarbonisation de l’économie / Le citoyen, acteur de la transition / L’énergie territoriale / Les "Smart Grids", une révolution en marche / Le climat, une priorité absolue face au commerce international

Un dérèglement climatique à éviter sous peine de mort
Nous vivons la 6ème session d’extinction du vivant en 450 millions d’années.  L’évolution de notre mode de vie s’est faite au détriment de la biosphère. Cette situation ne peut perdurer, mais il est très difficile à nos responsables politiques et économiques unis comme jamais de prendre les mesures indispensables pour modifier les phénomènes de destruction de  notre écosystème vital. La protection de la biosphère doit être parallèle à celle des êtres humains, nos santés sont liées et nous l’avons trop oubliée ces dernières décennies. Il faut retrouver du bon sens comme celui qui prévalait avant la 1ère révolution industrielle et imaginer de nouvelles stratégies énergétiques.
Deux changements structurels risquent de modifier profondément les politiques énergétiques dans les années prochaines. Tout d’abord un évènement imprévu par les spécialistes, la baisse importante du coût des matières premières, du pétrole et du gaz en particulier, qui va remettre en cause la priorité donnée aux énergies renouvelables (EnR). Deux conséquences immédiates, le subventionnement des EnR va devoir se prolonger car ils ne seront toujours pas compétitifs et le coût du nucléaire, argument naturel des pro-nucléaires, va être moins attractif (sans compter les risques encourus!). Le second changement est technologique. Une nouvelle génération photovoltaïque, l’utilisation de réseaux intelligents, le stockage et le transport de l’électricité, toutes ces évolutions vont bouleverser l’économie de l’électricité. Comme pour Internet, nous nous dirigeons vers un coût marginal nul. Des objectifs clairs doivent être établis par l’Union Européenne, la seule en capacité de financer, impulser et contrôler une politique énergétique réformatrice. Par exemple, qui en France peut s’opposer à l’omniprésence d’EDF ? Qui peut limiter le développement des centrales au charbon en Allemagne, source énergétique sûre, peu coûteuse mais très polluante ?
L’Union Européenne en a t-elle les moyens et la volonté politique ? En octobre 2014, le Conseil des Ministres de l’UE a défini un objectif de baisse de 40% de la production de CO2 d’ici 2030, objectif rassurant mais qui ne tient pas compte de l’évolution récente du coût des matières premières, des logiques économiques du monde capitaliste et des décisions des autres puissances polluantes. La Chine est au cœur de la problématique climatique, et refuse de limiter ses émissions de CO2 d’ci 2030. Dans ces conditions la Conférence de Paris, la COP21, en décembre ne pourra aboutir sur des mesures contraignantes pour tous et l’objectif d’un réchauffement climatique maximal de 2 degrés est déjà hors d’atteinte.
En tenant compte de la situation internationale, l’Union Européenne va devoir faire des arbitrages entre les changements climatiques, la compétitivité de ses industries et la sécurité en matière d’approvisionnement. Il faut ajouter que c’est un petit nombre d’industries qui sont les principaux responsables de ces émissions de CO2. Qu’attend-on pour généraliser le principe du pollueur-payeur ? Cette fiscalité verte serait destinée à accentuer les efforts vers une transition énergétique efficace et juste. Les services que rend la nature ne peuvent rester gratuits et être accaparés par quelques uns en mesurant les coûts d’utilisation, tout en restant très réservé sur le marché des droits à polluer. Certaines entreprises préfèrent payer que de concevoir des outils de protection de la nature. Il y a quelque chose de révoltant en donnant une valeur marchande à la nature.
Une centralisation européenne des achats et une uniformisation des réseaux de transport de l’énergie seraient des choix classiques d’une économie du XXème siècle, toutefois d’autres pistes doivent être étudiées en raison de l’évolution technologique. Les énergies renouvelables peuvent inverser la tendance par une production et distribution électriques décentralisées, mais un pétrole et un gaz bon marchés sont susceptibles de contrecarrer une électricité verte et citoyenne et accentuer la détérioration climatique. Une nouvelle fois nos responsables politiques ont une responsabilité majeure, vont-ils continuer à privilégier le court-terme pour faire tourner une économie carbonée ou engager une profonde transition énergétique ?
Toutefois, selon l’agence Bloomberg, les investissements en 2013 en matière d’électricité renouvelable étaient supérieurs à ceux provenant du charbon, du nucléaire ou du gaz. Et, si l’on faisait payer par les producteurs des combustibles fossiles les dégâts sur l’environnement, alors le solaire, la géothermie, l’éolien ou la biomasse seraient compétitifs. Le coût de l’électricité photovoltaïque a baissé de 80% ces cinq dernières années. Et, pourtant toutes ces richesses sont à portée de main. Une étude de l’Université de Standford a démontré que si on collectait 20% du vent disponible dans le monde, on produirait sept fois la consommation actuelle d’électricité.
Les EnR ne seront pas compétitives en 2020, comme prévues initialement, et le système européen d’échange de quotas d’émissions est obsolète en raison de ce marché des matières premières. La Conférence de Paris est primordiale car un échec dû à la Chine, mais aussi à l’Inde, la Russie (70% de ses revenus proviennent du pétrole et du gaz) ou le Japon, aurait un effet dévastateur en Europe. En restant dans une logique productiviste pour quelle raison devrions-nous nous imposer un objectif carbone lorsque les autres s’en moquent et que la situation économique européenne est loin d’être euphorique ? Cette question serait incontestablement posée pas les dirigeants politiques européens. La compétitivité économique serait une nouvelle fois prioritaire sur l’avenir de la planète. Il faudra alors que les citoyens fassent pression pour sortir de cette logique productiviste. Il ne faudrait pas que, malgré les évolutions technologiques majeures capables de faire des avancées sans précédent sur notre économie énergétique, nous maintenions un statu quo entre les mains d’EDF et de ses « nucléairophones ».

jeudi 7 mai 2015

Chapitre 6 suite et fin : L'économie positive, une voie à surtout ne pas négliger


La principale différence entre l’économie classique dans laquelle nous vivons et l’économie dite positive provient que cette dernière se développe dans l’intérêt des générations à venir. Chaque décision est replacée dans une perspective de long terme en tenant compte des contraintes financières, climatiques et de cohésion sociale. C’est un choix majeur par rapport à la logique actuelle où le court-termisme est de rigueur et l’appât du profit une religion. C’est la fin de la cupidité des marchés. L’économie positive n’est pas basée exclusivement sur les gains financiers, elle tient compte des indicateurs de bien-être de la population et du Développement Durable. Il est temps de sortir de la religion du chiffre.
En France, ce mouvement est porté par Jacques Attali et son équipe d’experts, mais aussi de citoyens, d’ONG et de responsables économiques, rassemblés dans le Positive Economy Forum. Jacques Attali ne propose pas la fin du capitalisme, il suggère que celui-ci se rénove pour survivre. Ses propositions seront-elles suffisantes ? Son cri d’alarme sera t-il entendu ? Rien n’est moins sûr, mais il me paraît important de ne pas négliger cette voie réformatrice. Moins de dogmatisme et plus d’expérimentation ne seront pas inutiles pour trouver des solutions durables. Qui peut contester cette idée que nous devons nous préoccuper des générations futures, et qu’un peu d’altruisme dans notre société ne serait pas superflu ?
On assiste à une triple mutation en passant d’une économie de la production à une économie de la connaissance, d’une économie de la possession à une économie d’usage et en gérant la rareté. Le modèle actuelle est incapable de résoudre les défis du XXIè siècle. Le « tout actionnaire » est exsangue. Chômage, inégalités sociales, pauvreté, endettement, tous les clignotants sont au rouge, et pourtant l’économie productiviste actuelle avec sa financiarisation n’est pas prête de disparaître. La mutation va prendre de nombreuses années, il y a urgence en ce qui concerne le climat et l’environnement. Or, si l’économie positive est en mesure d’influencer de manière conséquente les principaux acteurs économiques, nous ne pourrons que nous en féliciter.
Dans son Rapport sur l’économie positive, remis au Président de la République en septembre 2012 Jacques Attali pose la problématique dès les premières lignes de la synthèse : « Le règne de l’urgence caractérise l’économie actuelle et domine la société dans son ensemble. Or, sans la prise en compte du long terme, la vie de nos contemporains deviendra en enfer. L’économie positive vise à réorienter le capitalisme vers la prise en compte des enjeux du long terme. L’altruisme envers les générations futures y est un moteur plus puissant que l’individualisme animant aujourd’hui l’économie de marché. » (La Documentation Française / Fayard p.16) Tout est dit, il ne soutient pas l’idée d’une transformation du capitalisme mais simplement d’une adaptation. Il prône un réformisme assumé pour obtenir des résultats concrets. Il faut espérer qu’il sera entendu, même si depuis deux ans nous n’avons pas vu le gouvernement prendre à bras le corps les propositions contenues dans ce rapport.
L’économie positive a ses limites, elle ne peut pas être un système unique, en tout cas pas pour le moment, mais elle a toute sa place dans une société déboussolée par plusieurs décennies de financiarisation de l’économie mondiale, régionale et locale. Elle ne répond pas à toutes les questions sociétales que nous devons nous poser pour assurer la prochaine étape du développement de l’être humain, comme par exemple la nécessaire adaptation du marché du travail. La vision positive de l’homme, la condamnation de l’esprit égoïste et du chacun pour soi et la promotion de la prise en compte de l’autre sont essentielles et sont au cœur de la démarche. L’activité économique doit avoir une utilité collective future. Chacun a  intérêt au bonheur de l’Autre.

« Derrière cette France qui semble s’assoupir un moment, derrière cet esprit public qui semble se perdre et qui, s’il ne vous suit pas, du moins vous laisse passer en silence, sans vous résister, mais sans confiance, il y a une autre France qui ne s’endort pas, qui ne vieillit pas avec ceux qui vieillissent, qui ne se trahit pas avec ceux qui se trahissent et qui, un jour, sera tout entière avec nous. »
Lamartine (Discours à l’Assemblée Nationale le 27 janvier 1843)

samedi 2 mai 2015

Chapitre 6 suite : L'esprit d'entreprise, une valeur à partager

L’entreprise est indispensable au bon fonctionnement de la société mais le statut de l’entreprise n’est pas immuable, il peut et doit évoluer. La vision de Milton Friedman est largement dépassée : « la seule responsabilité des entreprises, c’est de faire des profits au service de ses actionnaires ». Le profit n’est pas une fin en soi, mais un moyen. L’entreprise est au même niveau que la famille ou l’école pour faire avancer notre société. Le travail est une dimension fondamentale de la vie, et même si celui-ci est différent de celui du siècle dernier et des prochaines décennies, il doit être au cœur de notre réflexion politique. Le travail, qui a le plus souvent lieu en entreprise, est une voie de conquête de notre liberté et de notre indépendance et il est une clé de notre épanouissement et du vivre-ensemble, il permet de franchir les barreaux de l’échelle sociale. A ce jour, la mission des dirigeants des entreprises est de trouver les moyens de valorisation du travail, quel qu’il soit, afin que chacun puisse en vivre dignement. L’entreprise doit avoir une dimension sociale pour éviter que la productivité soit génératrice de stress, de désenchantement et de rejet du travail.
L’entreprise reste le premier levier de création de valeur économique, et l’acteur principal de l’économie réelle, mais ne peut se désintéresser du monde dans lequel elle se  développe, des êtres qu’elle entraîne et des conséquences de son activité sur l’environnement. Elle doit être exemplaire. Il faut croire en l’entreprise en tant qu’espace de création et de production, de lieu d’épanouissement individuel et collectif, de structure protectrice de l’environnement. Il est possible de créer un système d’échanges économiques qui soit soutenable. Les jeunes veulent entreprendre, non pas nécessairement pour devenir millionnaires ou pour écraser son voisin, mais pour se réaliser, concrétiser un rêve, se rendre utile… Ils croient à l’initiative, à la responsabilisation et à l’engagement dans une démarche collective, de partage.