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samedi 21 février 2015

Chapite 3 suite : La désindustrialisation sauvage


La question souvent posée est de savoir s’il est préférable de privilégier des zones d’emploi performantes, quitte à  en sacrifier des territoires, ou s’il faut maintenir coûte que coûte une pseudo égalité territoriale ? Malheureusement, on ne nous donne que le choix entre deux modèles productivistes, capitalistes ou collectivistes, qui me semblent de plus en plus inappropriés.
La désindustrialisation a commencé à la fin des années 70 et se poursuit sans cesse depuis. Elle a été plus rapide en France que dans les autres pays de l’OCDE. Le poids dans le PIB de l’industrie française est passé de 24% en 1980 à 14% en 2007, puis à 10% en 2012 (20% en Allemagne, 15,1% en Europe). L’industrie a perdu 1,9 million d’emplois (externalisation comprise) sur la même période soit 36% de ses effectifs. 70 000 emplois industriels disparaissent tous les ans, sur les quatre dernières années, la France a perdu un millier d’entreprises. Cette désindustrialisation a été stimulée en partie par les délocalisations répondant à deux logiques : se rapprocher des pays où la demande est forte et bénéficier de coûts de production les plus faibles possibles. Toutefois ces délocalisations sont loin d’être les seules responsables, l’augmentation de la productivité y tient une part importante.
La désindustrialisation est sauvage car elle n’a été à aucun moment planifiée, organisée pour éviter une tragédie sociale. Qu’est devenue la planification à la Française qui avait permis de sortir notre pays du sous-développement post Seconde Guerre Mondiale ? C’était à l’Etat de la maintenir. Les entreprises ont fait des choix de court terme, sans se préoccuper de la perte de savoir-faire, de la casse dans des familles entières ou de la balance commerciale française. Il fallait à tout prix maintenir les marges et par conséquent les bénéfices à verser aux actionnaires. L’Etat serait toujours là pour amortir les décisions économiques, se disaient-elles. Aujourd’hui certaines d’entre elles commencent à regretter ces choix malgré les coûts toujours plus élevés du travail en France, les entraves administratives et la fiscalité. Elles envisagent de rapatrier leurs productions car la technologie et l’automatisation finissent par coûter moins cher que les salariés asiatiques et surtout les coûts de transport, les normes, les réglementations.... On en voit les prémices et ils vont s’intensifier dans les années à venir … nous allons vers une ré-industrialisation sans emploi !
J’ai cru très longtemps que cette désindustrialisation était sans retour, que la France allait devenir la station balnéaire cotée de l’Europe. Je me suis trompé, et je n’ai pas été le seul, elle peut retrouver sa place de puissance industrielle, mais pas celle des XIXème et XXème siècles qui généraient le plein emploi, plutôt une place de choix dans le cadre de la IIIème Révolution Industrielle. Nous sommes un pays de producteurs, d’inventeurs et non  de rentiers. Si nous ne perdons pas de temps, cette désindustrialisation ne sera qu’un mauvais souvenir d’une période de transition économique. L’entreprise n’est pas l’ennemi du peuple si elle redevient le lieu de l’expérimentation, de la création et de la valeur ajoutée.

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